Pourquoi?

Pourquoi on part ?
Parce que.

Bon, ok, je développe un peu.
Acte 1 : deux fondus de grand air et d’espace, qui ont voyagé chacun de leur coté
Acte 2 : fracture de la jambe au fond de l’Atlas marocain, 10h d’attente, descente à dos d’âne, clinique paumée avec médecin chinois et normes d’hygiène précaires, rapatriement épique. Ca calme un temps les rêves d’aventure.
Acte 3 : un, puis deux, puis trois enfants. On voyagera loin « quand ils seront plus grands », on ne sait jamais ce qui peut arriver (le souvenir des hôpitaux marocains est encore vivace).
Acte 4 : printemps 2017.  Victor a 9 mois, ses sœurs 2 et 4 ans. On a prévu une semaine de vélo en Italie. Non, en Allemagne. Non, en Camargue. Non, en fait il pleut (et même il neige) sur tout l’Ouest de l’Europe. Sur un coup de tête, on réserve billets d’avion et hébergements le samedi, pour un départ le dimanche dans les Cyclades grecques. Pas le temps de tergiverser, de se poser des questions, de préparer une montagne d’affaires. Trois playmobils et deux magazines, une écharpe de portage. Et V mangera avec délice sur place ses premiers légumes crus (précision utile : il est allaité, pas de biberon ni de lait en poudre à emporter).
Le déclic.
Ensuite, il y aura le Portugal, la Sicile, et un mémorable road-trip de trois semaines en Laponie. Et des ailes au cœur….

Pourquoi on part maintenant ?
Quelle drôle d’idée, un départ en pleine épidémie. On va colporter le virus, manquer de solidarité aux soignants, risquer d’être coincés à l’étranger…
Mais on part.
Parce qu’à trop repousser ses projets, on ne les réalise plus. Parce que si ce n’est une nouvelle pandémie, ca sera une guerre, un pépin de santé, un poste trop intéressant pour être abandonné.
Parce qu’on n’a plus de maison, parce que la Terre continue de tourner et les gens de vivre, parce qu’on a des rêves plein la tête et une furieuse envie de liberté.
On se pliera à tous les tests PCR nécessaires, on n’oubliera pas nos masques, on avisera au gré des ouvertures de frontières.
Mais on part.


« Il meurt lentement


celui qui ne voyage pas,


celui qui ne lit pas,


celui qui n’écoute pas de musique,


celui qui ne sait pas trouver


grâce à ses yeux.Il meurt lentement


celui qui détruit son amour-propre,


celui qui ne se laisse jamais aider.


Il meurt lentement


celui qui devient esclave de l’habitude


refaisant tous les jours les mêmes chemins,


celui qui ne change jamais de repère,


Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements


Ou qui ne parle jamais à un inconnu


Il meurt lentement


celui qui évite la passion 
et son tourbillon d’émotions


celles qui redonnent la lumière dans les yeux


et réparent les cœurs blessés


Il meurt lentement


celui qui ne change pas de cap


lorsqu’il est malheureux
 au travail ou en amour,


celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,


celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
 n’a fui les conseils sensés.


Vis maintenant!


Risque-toi aujourd’hui!


Agis tout de suite!


Ne te laisse pas mourir lentement!


Ne te prive pas d’être heureux! »


Pablo Neruda

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