C'est comment... La Turquie ?

La Turquie ? Ce n'était pas prévu. Du tout. 

Autant dire qu'on ne savait pas trop à quoi s'attendre. On pensait oliviers, femmes à la maison et routes cahoteuses. Un mélange de Grèce et de Balkans. 

On a vu des femmes militaires, et en cheveu au fond de l'Anatolie, des universités flambant neuves. Et des chevaux tirer des carrioles, des enfants garder les moutons, des cavités deux pièces. Pays de paradoxes.

On a marché dans des montagnes tutoyant le ciel à 4000m, le regard s'est perdu dans l'immensité des hauts plateaux, on s'est baigné sur une plage à l'ombre des clémentiniers. Pays de contraste.

On a bu le thé avec des bergers, pris des selfies avec des militaires des forces spéciales, été invités au restaurant, accepté barres chocolatées et bonbons. Pays d'accueil.

Gros coup de coeur pour la Turquie!


La pluie et le beau temps

Aaah, la Turquie, ses plages, ses formules all inclusives pieds dans l'eau, son soleil torride... Ça c'est l'été. 

L'automne est plutôt placé sous le signe de la pluie. Mais Grand Manitou Météo a dû avoir pitié de nous après un été plus qu'humide, car on a eu plus de jours de soleil que pendant les cinq mois précédents.

Pour autant, le solstice n'est pas loin. La nuit tombe à 16h30 dans l'Est. Et à 2000m d'altitude sur les plateaux d'Anatolie, la température plonge alors vers le zéro. Mais tout est oublié le lendemain lorsque le soleil vient réchauffer de nouveau les os, et qu'on peut tomber la veste par la température caniculaire de 8 degrés.

Plus déplaisant, le vent incessant entre Capadocce et Konya, jusqu'à devenir une tempête de sable.

Sur la côte méditerranéenne, on retrouve la douceur.... Et la pluie. Pas façon brise bretonne, plutôt épisode cévenol : orages stationnaires dantesques et trombes d'eau qui noient fossés et rues.


Urbi et orbi

Les maisons individuelles n'ont pas la cote en ville, si ce n'est un lotissement de luxe aux portes d'Istanbul. On construit des immeubles - à la place des vieilles maisons s'il le faut- et on les reconstruit au besoin. Tant et si bien que la plupart des villes turques semblent être sorties de terre dans l'année.


Dans les montagnes escarpées qui bordent la Mer Noire, les villages s'accrochent haut dans les pentes, sans doute pour capter le soleil. De nombreuses maisons sont encore en bois. Sur les hauts plateaux, place aux bicoques basses en pierre, une pièce à gauche de la porte et une à droite. L'étable est parfois en tourbe, et son toit en herbe.


Si les clochers sont nombreux en France, il semblerait qu'il y a plus de minarets encore en Turquie. Il n'est pas rare d'en dénombrer cinq à dix d'un coup d'œil dans les zones densément peuplées.


Autre construction fréquente en Turquie, la jandarma, qui tient plus de la caserne militaire que de la gendarmerie de chez nous. A l'Est, au Sud et dans tout le Kurdistan, elle se cache derrière des sacs de sable et des sentinelles armées postées à côté de blindés. A l'entrée de chaque bourg, des chicanes et des murs de béton filtrent la circulation. Ambiance.


Côté campagne, il y a certes la Turquie des oliviers et mer bleue de la Méditerranée. Sur la mer Noire, la bande littorale se réduit à peu de mètres.

Mais sitôt tourné le dos à la mer, ça grimpe. Et au-delà des montagnes côtières, voici les hauts plateaux, qui couvrent une bonne partie du pays. Là, plus de douceur méditerranéenne ni d'orangers. De l'herbe rase, du caillou, du sable. Des collines dénudées, d'étranges formations rocheuses, de la neige aussi. L'Asie centrale commence ici....


En ville comme en dehors, partout des animaux. Des vaches sur le bord de la route, des poules dans les champs, des chèvres et des moutons arpentant les collines sous la garde du berger accompagné de son âne bâté. 

Le berger d'Anatolie domine massivement la gente canine. Généralement, c'est un gros nounours. Les chats ne sont pas en reste. Mention spéciale au chat de Van, aux yeux vairons et qui aime nager.

Les animaux sauvages sont nettement plus discrets. Sangliers, à en croire les nombreux panneaux routiers, mais aussi loups et ours. On ne verra hélas aucun d'entre eux.


Qu'est-ce qu'on mange ?

C'est en Turquie qu'on se sera le plus régalé à table à ce jour. Légumes, saveurs, .... On en salive encore!

Alors, qu'est-ce qu'on mange ?

Des kebabs, bien sûr ! Mais de bons kebabs, avec pain délicatement grillé, frites maison et viande épicée.

Des viandes cuisinées en sauce avec huile et tomate, accompagnées de riz et de légumes méditerranéens confits ou grillés. Des bols contenant salade, tomates ou taboulé seront servis avec.

Des pides sur le pouce. Qui a déjà mangé sur un marché de Noël aura une bonne idée du mets : une pâte à pain fine, ou à pizza épaisse, garnie de fromage, crème ou autre.


Le pain est énorme sur les bords de la mer Noire, et plat en pays kurde. On y goûtera aussi une sorte de feuilleté en pate à pain, succulent. D'ailleurs quelqu'un a-t-il la recette?

Les fruits à coque sont à l'honneur dans les commerces, pour le grignotage de la citadine, du berger, du soldat.

La boisson nationale : le thé. Sitôt qu'on rencontre quelqu'un, çay. Avant de prendre le bateau, çay! Le berger avec sa thermos, çay! En arrivant au camping, çay!


Ça roule ?

Voie express à deux voies : voie réservée aux voitures, aux tracteurs, aux carrioles, aux moutons et aux poules en liberté. Mais la sélection naturelle a dû enseigner aux poules de se tenir à l'écart, si bien qu'on roule généralement plutôt bien.

On aperçoit souvent dans les villes et villages un panneau rond avec une croix rouge sur fond bleu. Apparemment il s'agit d'une autorisation de stationner sur la voie.

Au chapitre code de la route, il est également déconseillé de respecter les limitations de vitesse et notamment à l'approche des passages piétons ou en agglomération - le risque d'emboutissage est non nul, les véhicules venant derrière ne s'attendant pas du tout à cette curieuse réaction.

De manière générale, le champ des possibles est largement ouvert par rapport à notre rigide Occident. On peut tout à fait monter à 7 dans une Clio ou garder son bébé dans les bras devant. S'il y a deux files, il y a de la place pour trois, et le bas-côté compte aussi pour une file. 


Légèrement antinomique avec ce qui précède, les contrôles routiers sont innombrables, il est rare de faire 50 km sur un axe fréquenté. La voie de droite est neutralisée et la plupart des voitures détournée. Quand ce n'est pas une véritable voiture de police qui stationne, c'est une maquette en carton avec gyrophare allumé.

 Mais on sera systématiquement exempté à la minute où les policiers aperçoivent notre plaque, soit qu'ils préfèrent s'épargner les tracas de papiers et d'une langue étrangère. A noter que les excès de vitesse, feux rouges grillés ou autres largesses avec le code de la route commises sous leurs yeux, ne semblent absolument pas les concerner.


Les transports en commun sont assurés par des minibus de type Sprinter. Le stop est également beaucoup pratiqué.


Covid-era

Les écoliers portent le masque, sauf dans la cour. Mais ailleurs ... Magasin, bus, restaurant : c'est comme vous voulez (pour ceux qui y travaillent aussi).

Quand au pass dictato euh vaccinal, connaît pas. Autant dire qu'on profite largement des restaurants et visites avant de plonger dans le carcan français....


Ainsi va la vie locale

Bisiklet, veteriner, kamyon, dekorasyon, bulvari, farmasi.... Le turc est parfois étonnamment proche du français. Mention spéciale à l'oto kuaför, le lave-auto.


Ici on ne prend pas beaucoup de selfies, on préfère poser pour un camarade devant un arrière-plan élégant. Debout, assis, avec le sourire, l'air martial, on va essayer un peu de tout. Et les gens attendent patiemment pour passer, parce que dans deux minutes, ce sont eux qui s'essaieront au portrait.


Sans surprise, les toilettes sont ... A la turque! Avec toujours un robinet et une carafe à côté, pour remplacer le papier toilette. Mais on trouve souvent aussi une version occidentale.

Plus surprenant, des toilettes, on en trouve partout. Généralement à côté de la mosquée, assortis de robinets extérieurs pour les ablutions.


Encore un élément commun du paysage : les aires de jeu, souvent de belle taille. Les plus grands sont également pris en compte : pas de ville sans son université, généralement dans des locaux ultra-modernes, y compris au fin fond des steppes.


Plus original : l'avion de ligne reconverti en restaurant. On en dénombre une bonne dizaine répartis dans tout le pays. Pour l'habitat insolite, pas d'avion (ça serait une idée pourtant.... Quelqu'un aurait-il un Airbus à vendre?), mais un certain nombre de tiny houses.

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