Le palais de Topkapi

Le palais de Topkapi a été construit en 1472 à Istanbul sur le site de l'ancienne agora romaine (une place de marché et de rencontre), au-dessus du détroit du Bosphore et de la Corne d'Or.

Sa structure a évolué au fil des sultans et des reconstructions (incendies). Il sera délaissé dans la deuxième moitié du XIXe siècle au profit du palais moderne de Dolmabahçe.


Les quatre cours

On entre d'abord par une porte en fer dans une première cour. Là les ambassadeurs devaient laisser leurs chevaux et continuer à pied. Seul le sultan avait le droit de traverser à cheval la deuxième porte, dite porte du Milieu.


Dans la seconde cour se trouvaient les cuisines. On pouvait y nourrir entre 10 et 15 000 convives! Cela représente beaucoup de vaisselle. On mangeait avec les doigts dans un immense plat rond richement décoré, sur un grand tapis rond et également décoré. Dans une cuisine spéciale, on préparait des pâtisseries, des sirops, des fruits en conserve, mais aussi des médicaments, des chandelles et des savons. Cent apprentis y travaillaient, commandés par huit chefs.

Dans cette cour se trouvait également la salle du conseil, auquel assistaient le grand vizir et les représentants des provinces de l'Empire ottoman. Le sultan pouvait écouter la discussion par une fenêtre. Si une décision ne lui convenait pas, il fermait le rideau et le grand vizir venait s'entretenir avec lui. Ce rideau a été déposé par Atatürk lui-même à la révolution en 1924.


A l'entrée de la troisième cour, après la porte de la Félicité, était située la salle des audiences, où le sultan recevait les ambassadeurs. Il pouvait admirer les cadeaux de ceux-ci par une fenêtre. Dans cette salle, il y avait un beau trône garni de pierres précieuses. La décoration changeait en fonction de l'importance des visiteurs. Cependant le sultan ne parlait jamais directement aux ambassadeurs, mais au grand vizir qui répétait ses paroles aux visiteurs et vice versa.

Derrière la salle des audiences se trouvait la bibliothèque. Les livres étaient dans des étagères fermées par des grilles. Pour les lire, on les posait sur des supports en X.

Cette cour était également celle où vivaient les janissaires. Il s'agissait de jeunes garçons envoyés en tribut par les peuples de l'Empire au palais, où ils recevaient un enseignement poussé. Ils devenaient ensuite soldats ou hauts fonctionnaires de l'empire. Ainsi, la naissance comptait moins que le mérite.


La quatrième cour était réservée au sultan et à sa famille masculine. Des pavillons décorés de splendides mosaïques, ainsi que la maison du medecin-chef ou du précepteur des princes (selon les époques) y étaient installés.


Le harem

(Attention, âmes sensibles s'abstenir)

On entrait par la deuxième cour dans le harem, qui était une partie du palais réservée au sultan et sa famille. Nul autre ne pouvait y entrer, pas même le grand vizir.

A l'entrée se trouvaient les quartiers des eunuques noirs, les gardiens du harem : le dortoir à deux étages, le fumoir, le hammam (les bains), et une mosquée. Le chef des eunuques possédait son propre appartement. L'école des princes héritiers était également installée à proximité.

Ensuite on empruntait un long couloir où les gardes déposaient les plats sur des bancs en pierre.

Les servantes venaient les chercher quand les gardes étaient partis, car les hommes ne devaient pas voir les femmes.


Dans le harem se trouvaient environ 300 à 500 femmes. Il s'agissait d'esclaves, capturées par des pirates généralement et vendues sur le marché. Celles qui étaient achetées ou offertes au palais recevaient une bonne instruction : lecture, écriture, chant.... - et aussi conversion à l'Islam. Elles percevaient un salaire. Celles qui étaient remarquées par le sultan devenaient favorites, puis concubines si elles donnaient un enfant au sultan. Lorsque l'enfant était un fils, le sultan pouvait choisir de les épouser (dans la limite de quatre femmes, selon le Coran), et les affranchissait alors.

Aimée de Rivery, cousine de Joséphine de Bauharnais, femme de Napoléon, a ainsi été capturée par des pirates dans le détroit de Gibraltar, et envoyée en cadeau au sultan Abdülhamit Ier par le gouverneur d'Alger. Sous le nom de Naksidil, elle deviendra épouse du sultan, et même reine-mère (sultane valide).

Au bout de 9 ans, si les esclaves n'avaient pas été remarquées, elles avaient le choix entre le mariage avec une personne choisie par l'entourage du sultan (et l'affranchissement, la loi musulmane interdisant d'épouser une femme musulmane non libre), ou demeurer à vie au harem pour devenir gouvernante (qui chapeautait les esclaves), voire parfois intendante (qui surveillait les gouvernantes et avait de grandes responsabilités auprès du sultan). Des servantes, blanchisseuses, porteuses d'eau, cafetière, baigneuses, infirmières, nourrices, sages-femmes, travaillaient et vivaient aussi au harem.


Après le couloir se trouvaient donc les appartements et la cour des favorites et des concubines. Celles qui avaient donné un enfant au sultan avaient droit à une chambre avec vue sur la cour, les autres dormaient dans un dortoir.


Ensuite venait l'appartement de la sultane valide, qui est la mère du sultan.Elle était très puissante car son avis était très écouté de son fils. Un passage menait d'ailleurs directement aux appartements du sultan. Toutes les épouses voulaient devenir sultane valide. Pour cela, il fallait que leur fils soit choisi comme héritier. Donc elles essayaient parfois de faire disparaitre les enfants des autres épouses, voire les épouses ou les concubines elles-mêmes.

Roxelane, fille d'un pope d'Ukraine, esclave devenue femme de Soliman le Magnifique sous le nom de Hürrem, a ainsi fait exiler sa première épouse, tuer deux premiers ministres successifs qui étaient contre elle, et enfin le prince héritier en faisant croire qu'il préparait une insurrection.

La fille du gouverneur de la République de Venise à Corfou, capturée par des pirates, devint également épouse de sultan (Murat III) puis sultane valide. Elle avait une immense influence sur son fils Mehmet III, fit tuer son petit-fils qu'elle n'aurait pas pu tant influencer, et distribua titres et postes en échange de pots de vin, poussant le peuple à la révolte.


A côté du hammam de la sultane valide se trouvait celui du sultan. Il y avait une grille en or pour protéger le sultan, car quand celui-ci se baignait, il ne portait pas son épée. Or il pouvait à tout moment être trahi et attaqué. En effet, un de ses frères ou de ses fils pouvait vouloir prendre sa place, parfois encouragé par sa mère, et intriguer auprès des janissaires ou des eunuques. Être sultan était un peu risqué !

Ainsi, la sultane Kösem fit croire aux janissaires que le jeune sultan Osman II, 14 ans et fils d'une autre épouse, allait les abolir. Ils la crurent et étranglèrent l'adolescent. Murat IV, fils de Kösem, monta alors sur le trône à l'âge de 12 ans, et sa mère devint sultane valide et régente - jusqu'au jour où elle tenta de renverser son petit-fils Mehmet IV, devenu à son tour sultan à l'âge de 7 ans, sur lequel elle n'avait pas assez d'influence. Sa belle-fille, la mère de Mehmet IV, la fit alors étrangler. Quelle famille!


Dans les appartements du sultan, on trouvait le salon impérial, très richement décoré, et sa chambre. Celle que nous avons visitée possédait une fontaine en cascade, qui permettait de noyer le bruit des conversations, et deux grands baldaquins. Sur les murs, des mosaïques reproduisaient des versets du Coran. Mais il y avait d'autres chambres, ajoutées par des sultans qui voulaient une autre décoration 


Les fenêtres donnaient sur une grande cour. Au-dessus de cette cour se trouvaient les appartements des femmes du sultan, et ceux de ses frères, appelés kafès (cage). En effet, ces derniers étaient enfermés à vie car ils risquaient de vouloir prendre la place du sultan. Avant, ils étaient même tués. 

Un jour, un sultan, Mourad IV, est mort. Son frère Ibrahim a refusé de sortir de son appartement pour monter sur le trône. Il a fallu lui montrer le corps de son frère pour le convaincre !

En contrebas de la cour, il y avait un bassin sur lequel flottaient des barques, où des nains faisaient des grimaces pour amuser le sultan. Nous, nous ne trouvons pas ça très amusant !


Enfin, la voie d'Or sortait du harem juste à côté de l'entrée des gardes. Lorsqu'un sultan montait sur le trône, il empruntait cette voie et jetait des pièces d'or aux gens du harem. 

Ici, une servante, Cevri Kalfa, a sauvé le prince héritier Mahmut II en jetant des tisons sur les attaquants, qui venaient de tuer son père Selim III pour laisser le trône libre à son neveu Mustafa IV.


Margaux, Corentine, Victor


Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    Bruno (mardi, 16 novembre 2021 12:18)

    Très instructif. Bravo! Continuez les enfants!

  • #2

    Sylvain Marine et Juju (vendredi, 19 novembre 2021 20:34)

    Bravo pour cet article les neveux :))
    Gros bisous

  • #3

    Christine (dimanche, 28 novembre 2021 00:40)

    Passionnant !